Tu sens ton intérieur se fissurer au fur et à mesure des secondes qui s'écoulent. Inexorablement cette blessure devient de plus en plus profonde, tu sens cette progression millimètre par millimètre, la progression lente mais certaine et douloureuse de ce mal qui vient te ronger. Tu ne peux rien faire, tu assistes en spectatrice à ta propre déchéance. Morte d'angoisse, tu sens s'élimer en toi tout ce que en quoi tu croyais. Disparaître en lambeaux les traces de souvenirs heureux ou les espoirs que tu avais réussi à conserver malgré tout. Ce mal vient gratter patiemment tout ce qui pourrait se rapporter à du bonheur, ce mot qui sonne maintenant avec un goût différent dans ta bouche. Comme quelque chose que tu n'as jamais testé, ou que tu as oublié. La moindre parcelle de bon en toi semble disparaître petit à petit, devenir translucide puis transparente puis invisible. On n'en trouve plus traces, tout ce qu'il y avait de positif avant dans ta vie n'est plus. Tout s'est envolé, volatilisé, comme une simple fumée de cigarette qu'on rejette au loin par un geste de la main. Il faut t'imaginer derrière une vitre, devant toi toute ta vie d'avant, de quand tu souriais, tu soutenais ton regard. Quand tu n'hésitais pas à rire même si c'était pour rien mais toujours sincèrement. Quand tu n'hésitais pas embrasser, à prendre dans tes bras, juste parce que tu es comme ça, parce que tu aimes c'est tout. Rapelle-toi donc de cette vie, cette existence que tu as menée durant des années où le ciel était bleu et dégagé, où l'air sentait bon l'herbe coupée, où tu aimais quand le vent jouait avec tes cheveux encore blonds. Une époque bien lointaine oui mais qui au fond n'est pas si loin. Tu l'as là, devant toi. Mais elle est de l'autre côté de cette vitre. Derrière elle aussi, d'autres personnes qui elles se fichent de tes sourires ou de ta joie de vivre ou de tout le temps qu'il te reste encore à respirer avant ta mort. Non, ces personnes ne sont pas là pour toi, juste pour elles. Heureusement avec le temps, tu as compris au moins ça, que tu n'avais pas à culpabiliser. Elles sont là juste pour elles, elles s'en foutent de toi. Elles s'en foutent de toi donc elles te font du mal et font disparaître à coup de poing, de pieds, de matraques, d'insultes et de choses viles et basses tout le peu de bonheur que tu avais. Et voici comment le mal pénètre dans ton corps. C'est le début de cette fissure qui remontera jusqu'à ton coeur, jusqu'à ton cerveau, jusqu'au plus profond de toi-même et qui au final, parviendra à te briser entièrement. Parviendra à susciter cette douleur si grande, aliénante qui te fait hurler. Tu ne te reconnais plus toi-même. Tu te fais peur. Tu t'es sentie au fur et à mesure tomber de plus en plus en bas. Mais lorsqu'on touche le fond, voilà la vraie question, qu'advient-il de nous ?
missjador
I've got the power
Vendredi 5 août 2011 à 1:11