C'est comme une sensation de déjà-vu. Une intuition, un pressentiment. Un tremblement qui emprunte des chemins du corps déjà parcourus. Un frôlement, une émotion. La pupille se dilate, le souffle s'accélère, les chairs frissonnent. Ce sentiment éprouvé mille fois résonne dans les os, dans la tête. Battements de plus en plus rapide, le cœur s'emballe, se serre. Les entrailles se nouent, se tordent. Les pas accélèrent la cadence, le souffle devient râle. Courir, courir pour fuir. Fuir pour survivre. La pluie se met à tomber. Sol glissant. Boue. Chute. Douleur. Craquement et ecchymoses. La tête tourne et devient lourde. Une dernière prière pour une dernière minute de vie. Existence : Game Over. Le vent souffle, soulevant une mèche. Avec lui, les dernières forces. Vigueur et énergie reviennent, la course reprend. Trébuche, se cache, crapahute. Avancer comme on peut. Dans le noir et trempé. Cette terreur toujours ancrée au fond de soi. Une panique canalisée pour l'instant. Des gestes maladroits mais sûrs, ils savent. Il faut partir. Ne jamais revenir pour ne jamais ressentir une nouvelle fois ce sentiment d'horreur. Le corps tremblant obéit sans regarder aux blessures, au sang. Il évolue dans l'ombre mais le but est précis. Mais les jeux sont faits. Malgré ce regain de force, il n'y a rien à faire. Rien à fuir. Car sans espoir. Le mal est en soi, au sein même du corps. Épuisement, abandon. Être statique, immobile. Dans l'attente. Le sang se répandant, le cœur s'accélérant et envoyant dans tout le corps ce poison glacé et meurtrier. Des souvenirs passent, des sons et des images défilent. Une dernière goutte de vie s'échappe de la veine et s'éclate en mille morceaux écarlates sur le goudron. Adieu monde. Adieu ciel. Adieu Terre. La peur est trop grande.