Des textes en vrac. Qui se ressemblent beaucoup par moment. Certains datent. Je n'ai pas eu le courage de les retoucher.


Ces pensées me reviennent en plein face. Des images, des sons en pagaille, en désordre. Précipitamment. La tête me tourne. J'ai mal. J'ai mal. Une main s'amuse à presser mon cœur et à lui infliger mille douleurs, mille tortures. Je ne vois qu'en noir. Toute parcelle de vie m'échappe, coule à travers mes doigts sans que je puisse la retenir. Je m'enferme dans mon calvaire. Toujours ce sentiment de cloisonnement. Je suis prisonnière de moi-même, de mon passé. Comment avancer ? Il fait partie de moi, il m'a construit. Je suis retenue, bloquée, sans échappatoire. Je devrais sûrement affronter ce mal mais je n'en ai pas la force. Je n'en ai pas la force. Je piétine. Quoique je fasse, je n'arrive pas à avancer. Je me retrouve en face d'un mur. Je suis bloquée. BLOQUEE.



Ça fourmille dans ma tête. Je croule sous les pensées. A la fois entêtant et oppressant. Je n'arrive pas à me fixer sur quelque chose. J'erre, hésitante, parmi ces questions. J'essaie en vain de trouver quelques réponses. Ce silence grouillant me panique. Mise en échec par ma peur. Intrinsèquement lâche. La solution est peut-être devant moi, devant mes yeux. Mais rien à faire, un brouillard me bloque, infranchissable. Brume épaisse, opaque, qui cache à ma vue tout élément de résolution. Des images me parviennent, mais floues et incomplètes. Des voix résonnent en écho lointain. Je croise des visages sans pouvoir mettre de noms dessus. Des inconnus me frôlent. Aucun ne lève les yeux sur moi. Je suis seule devant cette décision. Aucune main n'est là pour me guider. Je suis seule.



Je hurle. Taper du poing sur un mur. De colère, de rage. De découragement. Je n'en peux plus. Je veux m'en débarrasser. De cette douleur, de ce mal, de ce sentiment vicieux et envahissant. Qui me tue à chaque seconde, m'achève tout le jour, toute la nuit. Je n'en peux plus. De ces sons dans ma tête, ces bribes d'information qui m'écrasent et me rendent folle. Je n'en veux plus. De cet abrutissement, de cette langueur qui m'assomment, m'empêchent d'y voir clair. Je n'en peux plus de cette prison mentale que je me crée et où je me complais. Je veux m'en sortir, m'en libérer. De ce labyrinthe, de ce piège qui m'immobilise, bloque mes mouvements, ma vie. Je veux briser ces liens qui me retiennent, qui retiennent mon existence, qui retiennent qui je suis. Je veux vivre. Ne pas mourir tout de suite. Ne pas mourir de cette façon, pleine de remords et de désir de vengeance. Je ne veux pas offrir aux autres cette image égoïste, narcissique. Cette image déformée, aliénée par cette douleurs qui me tient les tripes depuis trop longtemps. Je veux juste sourire et que ce sourire soit vrai et sincère. Je veux juste vivre et être vraie.



C'est un tourbillon. Des palpitations. Fourmillements au bout des doigts. Un étau serre mon cœur. A vrai dire, c'est un peu fouillis. Je ne sais si ce sentiment est négatif ou positif, porteur d'espoir ou de danger. C'est un avertissement, ça je le sais. J'aimerai être guider, que quelqu'un me prenne la main et me montre la bonne route. Parfois, ce serait agréable de ne pas avoir de décision à prendre, de choix à faire. La vie n'est pas si manichéenne. On ne peut pas avoir tout bon ou tout faux sinon ce serait trop facile. A chacune de nos résolutions, nous blessons des personnes, ne respectons pas nos valeurs, perdons quelque chose. La difficulté de la décision nous érode. Petit à petit, notre détermination s'amenuise. J'en suis arrivée là. Beaucoup de mes choix ont été mauvais, pris sans réfléchir. J'ai eu tort de nombreuse fois ; trop peut-être. Et maintenant, je suis stoppée par un mur. J'envisage plusieurs issues, détours, chemins possibles mais aucun ne me convient : trop difficile, trop haut, trop invraisemblable. Certains auraient déjà franchi ce pas. Je n'ai sûrement pas assez de courage. Et aujourd'hui, je suis indécise. C'est une position inconfortable. Je ne suis pas d'accord avec moi-même. Une sensation désagréable d'oppression, un goût amer dans la bouche. Mes doigts tremblent, je frissonne. Cette pression sur mes épaules devient écrasante. Je vais céder, me laisser submerger sous ce poids. Je n'aime pas prendre de risques, même si certains en valent le coup. Non, j'ai trop peur que tout rate à cause de ma faiblesse déjà trop grande. Je suis un aimant à problème.




Quand tu prends possession de moi, tu m'empêches d'avancer, de progresser. Et je reste bloquée à ce stade. Mes yeux ne voient plus rien, que du vague, du brouillard. Dans l'indécision. Je navigue entre plusieurs possibles. Je suis au carrefour, au centre des décisions, des choix. Tu m'embrouilles et je ne peux plus y voir clair. Tu m'empêches de choisir. Je suis incapable de choisir. Je m'en veux. Je suis lâche. Il suffirait sûrement d'un pas. Oser. Mais on ne sait pas quelles répercussions, quelles conséquences... On dit que je suis fataliste. La vie m'a appris l'être. A me méfier. A me dire qu'aucun bonheur n'est franchement durable. Très subjectif comme réaction. Instinct de survie sans doute. Instinct de conservation.



Je ne veux pas te perdre. Une relation censée être sans prise de tête. Mais on s'attache. En tout cas, moi, je me suis attachée. Tu dis que je suis fataliste. Je ne peux pas être autrement pour nous. Cette relation ne devait pas être grand chose et voilà qu'elle est beaucoup, pour ne pas dire la seule. L'unique chose qui me rende le sourire, l'unique chose qui vraiment m'oblige à penser à l'avenir. Un avenir auquel je ne préférais pas réfléchir avant. C'est confus.



Tu m'empoisonnes. Tu es ma drogue. Je sens ton emprise se répandre, couler doucement dans mes veines, m'envahir au fil des jours. Au début, c'était presque imperceptible, juste agréable. Puis cette sensation de manque est devenue de plus en plus forte, plus présente. Tu m'es devenu indispensable pour vivre. Pour simplement exister. J'ai besoin de toi, de ton souffle, de ta voix. De tes yeux. Pour m'y plonger et recevoir ma dose. Tu es devenu un besoin, une nécessité. Maintenant, ce poison a totalement emprise sur moi, je m'y complais. M'y réfugie. C'est rassurant ce genre de situation. Se dire qu'on est accro, ça donne l'impression d'enlever une partie de responsabilité dans l'histoire. Je ne pense qu'à savourer ma dose, tant pis pour le moment où je viendrais à en manquer. J'aimerai redevenir une collégienne avec lettres d'amour et mots doux mais sincères qui aujourd'hui me font rougir, qui aujourd'hui me paralysent et me font peur. Et je suis là, comme un conne, à ne tout dire qu'à demi-mot, sans rien oser avouer, car avouer, c'est forcément le penser. Et je ne veux pas l'admettre. Car ça voudrait dire alors que ce problème de drogue, d'accrochage permanent et irréversible envers toi... J'en serais actrice et assumer ce genre de chose pour la gamine que je suis sincèrement restée, c'est pour l'instant trop compliqué. Cette dépendance me plaît. Mais cette drogue me consume de l'intérieur, me brûle, m'embrase et m'empêche de réfléchir convenablement, de réfléchir tout court. Dans ma tête, juste des pensées grouillantes et contradictoires. Je n'arrive pas à les ordonner pour en faire quelques chose de correct, une réponse peut-être, au moins une piste, quelque chose de tangible, qui tienne la route. Pour l'instant, tout est bancal. La seule chose d'indéniable, de sûr, d'éternel c'est parenthèse L parenthèse.




 
Photo : Henri Cartier-Bresson

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